La détresse psychologique de vos employés
Les derniers mois ou années ont été très difficiles pour les entreprises québécoises. Plusieurs d'entre elles, en raison de la crise qui n'est pas vraiment terminée, ont fermé leurs portes ou ne s'en sortiront tout simplement pas. Alors que nous sommes en plein dans une pénurie de main d'oeuvre qui devrait durer jusqu'en 2030, les défis seront très importants pour plusieurs.
On peut croire que les capacités de gestion de crise, de stress et de conflits des gestionnaires seront rudement mises à l'épreuve. La crise, les incertitudes et les instabilités créées provoqueront des surcharges de stress qui risquent de provoquer l'émergence de conflits en entreprise. Les gestionnaires devront être en mesure de bien identifier et comprendre les états de stress de leurs employés afin de désamorcer les conflits émergents et d'aider les employés qui seront en détresse psychologique.
Comment identifier une personne qui est en état de détresse psychologique?
Dans les formations qu'il offre en entreprise sur la gestion de la santé mentale des employés, le Dr Charles Coulombe de Coulombe Médecin Conseil (coulombemedecinconseil.com) suggèrent que l'observation d'un changement majeur dans l'attitude et la personnalité d'un employé est un excellent indice pour détecter un problème potentiel de détresse psychologique. Ces changements marqués doivent être durables dans le temps. Ce conseil du Dr Coulombe apporte un point très important... l'importance d'observer!
Dans ces temps difficiles, il est certainement important de parler. Tout le monde le dit, il faut prendre le temps de s'appeler, de se parler, de s'informer auprès des autres comment ils vont. Par contre, les gens peuvent nous dire à peu près n'importe quoi. Ils peuvent certainement nous mentir pour nous cacher leur réel état d'âme. Mentir avec son corps est un peu plus difficile...
Cette réalité me permet de vous parler de la fameuse règle du 7-38-55.
Seulement 7% des informations échangées entre les gens sont verbales. Le langage para verbal (débit, intonation de la voix) compte pour 38%. Il reste donc 55% pour le langage non verbal, c'est-à-dire le langage corporel, la posture, le regard, etc. Ces informations échangées autrement que de façon verbale (plus de 90%) peuvent nous en dire beaucoup sur la personne. D'ailleurs, les spécialistes en enquête vont donner beaucoup d'importance au langage corporel lorsqu'ils interrogent des gens.
Mais quoi observer? Voici des exemples d'observations:
Est-ce que la personne semble parler plus lentement, avec moins d'énergie que d'habitude ?
Est-ce qu'on peut percevoir des trémolos dans la voix?
Est-ce que la personne semble avoir de la difficulté à terminer ses phrases, cherche ses idées plus que d'habitude ?
Est-ce qu'elle semble avoir des pertes de mémoire et difficultés à se concentrer ? Est-ce qu'elle fait des erreurs d'inattention qui ne sont pas habituelles chez elle ?
Est-ce qu'elle a le regard fuyant plus que d'habitude? Est-ce qu'elle ne peut soutenir le regard d'une autre personne plus que d'habitude ?
Est-ce qu'elle cherche à s'isoler plus que d'habitude? Est-ce qu'elle évite les rassemblements sociaux, les pauses, les diners de groupe plus que d'habitude ?
Est-ce qu'elle semble vouloir terminer les rencontres plus rapidement que d'habitude? Est-ce qu'elle semble fuir les situations plus que d'habitudes?
Est-ce qu'elle semble plus nerveuse (la bougeotte) que d'habitude? Est-ce qu'elle semble plus préoccupée que d'habitude ?
Est-ce qu'elle démontre de la frustration ou de l'irritabilité plus que d'habitude ?
Est-ce qu'elle démontre plus de désintérêts envers son travail, ses activités que d'habitude (Ne plus envie de travailler, de s'entrainer, de faire du sport, etc.) ?
Est-ce qu'elle fait preuve de plus de manques de jugement que d'habitude? Est-ce qu'elle prend des décisions inhabituelles, dit des choses inhabituelles, a des opinions difficiles à comprendre. à suivre, illogiques ?
Est-ce qu'on peut constater un changement dans sa consommation (nourriture, alcool, etc.)?
Que faire si on perçoit qu'un employé peut être en détresse psychologique? Voici une façon efficace pour aborder une personne soupçonnée d'être en détresse psychologique: " Je t'ai observé dans les derniers temps et je perçois qu'il y a quelque chose qui ne va pas... est-ce que c'est le cas? Est-ce que tu veux en parler?" Dans le cas où la personne nierait être en problème, acceptez la réponse, MAIS continuez d'être attentif. Il est alors possible de faire part à la personne de vos observations. Ceci peut l'aider à prendre conscience de la situation. Si elle persiste à nier, il peut être alors de mise de dire à la personne que vous êtes là pour elle si elle veut discuter. Si la personne confirme vos impressions, il ne faut pas tomber dans le piège de jouer au "psy". Il est important de bien comprendre votre rôle. Votre rôle de gestionnaire, d'ami, de proche est d'être un agent facilitant vers la recherche d'une solution. Vous devez aider la personne en l'accompagnant vers une ressource qui sera en mesure de l'aider de façon appropriée et professionnelle. Vous devez l'écouter, mais vous n'êtes pas celui qui doit trouver une solution absolument. Plusieurs gestionnaires peuvent se brûler à prendre les problèmes de tout le monde sur leurs épaules. Votre rôle est d'observer, d'écouter et aider la personne à identifier des actions qui feront partie de la solution pour la personne. Certaines de ces actions nécessiteront peut-être la participation de professionnels. Nécessairement, vos gestionnaires auront un rôle clé à jouer pour gérer les crises, les conflits et aider vos employés qui seront en détresse psychologique en ces temps difficiles. Ils ne doivent donc pas tomber au combat. Il est important pour vous de les former, de les outiller et de leur donner accès à des professionnels compétents vers qui ils pourront se tourner pour affronter efficacement les défis qui les attendent.
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